Covid 19 et prêt immobilier : que faire pour les remboursements ?


Le 07/04/2020
Covid 19 et prêt immobilier : quel impact sur vos remboursements ?

Que faire si la crise du coronavirus fait baisser vos revenus et pose problème pour rembourser les mensualités de votre prêt immobilier ? Les conseils de François Dufour, responsable de l’agence Meilleur Taux, Lyon 3e Saxe.

 

Plan Immobilier : Est-il encore possible de faire souscrire un prêt immobilier actuellement ?

François Dufour : Cela dépend des banques. Ce qu’il faut savoir, c’est que beaucoup ont réduit leurs effectifs de 70 à 75% et qu’il y a beaucoup de chômage partiel. Les banques traitent les demandes urgentes de leurs clients en priorité, ce qui est compréhensible. Néanmoins, elles s’organisent pour faciliter les démarches à distance.

En tant que courtier, je dirais que environ 40% des banques nous répondent actuellement. Mais cela peut changer dans les jours à venir. Les premières semaines ont été perturbées, les réseaux sont de mieux en mieux organisés.

Il ne faut pas oublier non plus que les notaires sont également acteurs des ventes immobilières. Et comme pour les banques, certains sont équipés pour faire cela à distance et d’autres pas.

Pour résumer, les demandes de prêts sont possibles mais évidemment nous sommes freinés à plusieurs égards.

 

PI : Et pour les demandes de prêt en cours ?

FD : C’est la même réponse que pour les nouvelles demandes. En revanche et c’est normal ces dossiers sont en tout point prioritaires et nous redoublons de vigilance pour qu’ils aboutissent au mieux et au plus vite.

 

PI : Venons-en maintenant à un sujet qui inquiète beaucoup d’emprunteurs. Quelles sont les possibilités si un emprunteur n’est pas en mesure de rembourser ses mensualités à cause de la crise ?

FD : Dans les conditions générales des contrats de prêt immobilier, il y a deux options qui permettent de faire face à une baisse de revenu :

  • La suspension d’échéances. Il s’agit de suspendre le remboursement du capital pour une durée maximum de 6 mois. A noter que l’emprunteur doit tout de même rembourser les intérêts et l’assurance emprunteur chaque mois. En conséquence, la durée du prêt est allongée de 6 mois. Cette option est soumise à autorisation de la banque prêteuse. La mise en place de la suspension d’échéance est souvent proposée gratuitement par les banques ou à un montant modeste, environ 25 €. Certaines banques ne l’accordent qu’aux prêts dont l’ancienneté dépasse 1 ou 2 ans.
  • La modulation d’échéances. L’idée est réduire d’environ 10/20% le montant des mensualités (capital + intérêts + assurance). Cela augmente souvent la durée du prêt, mais elle ne doit pas dépasser 24 mois supplémentaires. Les frais de mises en place sont très variables en fonction des contrats. Là encore il faut l’accord de la banque mais aussi parfois de la caution. Une fois les capacités financières de nouveau favorables, il faut de nouveau procéder à une modulation des échéances, mais cette fois à la hausse.

Ces options sont disponibles selon les contrats et il faut voir chaque situation au cas par cas. Par ailleurs, il est préférable de prendre contact avec sa banque rapidement et de ne pas attendre. Un simple mail suffit pour engager les échanges. Nous sommes d’ailleurs à disposition des personnes qui souhaiteraient des éclairages sur ce sujet et évidemment totalement gratuitement. Qu’ils n’hésitent pas à nous appeler.

L’assurance de prêt peut être une 3e option. Selon les contrats, si l’emprunteur est en arrêt maladie ou dans l’incapacité de travailler, l’assurance de prêt peut prendre le relais pour payer une partie ou la totalité des mensualités mais il faut que l’incapacité temporaire de travailler soit médicale et assez longue.

 

PI : Ces conditions sont présentes dans la plupart des contrats en cours. Les banques n’ont rien prévu de spécial ?

FD : Pour les particuliers, je n’ai pas connaissance de banques qui auraient mis en place des mesures exceptionnelles autres que celles prévues dans les contrats.

 

PI : Quelles est la meilleure solution selon vous ?

FD : Il n’y a pas de meilleure solution. Cela dépend des situations. Si l’emprunteur fait face à une baisse de salaire, la modulation peut être la meilleure solution. S’il n’a plus de salaire, la suspension est le meilleur choix.

 

PI : Avez-vous un dernier conseil à donner aux emprunteurs ?

FD : De ne pas attendre d’être en mauvaise posture pour contacter sa banque et encore moins de faire la politique de l’autruche. Si le problème est pris en charge en amont, il y a plus de temps pour trouver des solutions : garantie, caution… Il est également possible de faire appel au médiateur ou à la Banque de France.