Cela est d’autant plus vrai dans un appartement neuf ou une maison neuve, où les matériaux modernes et l’étanchéité renforcée peuvent influencer les flux d’air et la concentration de certains polluants.
Entre réglementations, capteurs connectés et diagnostics spécialisés, mesurer la qualité de l’air n’est plus réservé aux laboratoires.
Tour d'horizon des clés pour comprendre les outils, les valeurs de référence et les bonnes pratiques à adopter chez vous.
Présenté par Le Plan Immobilier.
Pourquoi est-ce important dans un logement neuf ?
La qualité de l’air intérieur, aussi appelée QAI, est aujourd’hui un critère de confort au même titre que l’isolation thermique ou acoustique. Dans les logements récents, la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) a renforcé l’étanchéité et la performance énergétique, mais cela limite aussi le renouvellement naturel de l’air.
Sans une ventilation efficace et une surveillance régulière, les polluants peuvent s’accumuler : formaldéhyde, COV, CO₂ ou humidité excessive.
Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), certains composés comme le benzène et le formaldéhyde dépassent encore les seuils de référence dans 10 à 20 % des logements mesurés en France.
Ces résultats, confirmés par l’Union Sociale pour l’Habitat en 2025, montrent que la surveillance de la QAI devient un enjeu à la fois sanitaire et patrimonial pour les logements neufs.
Les obligations de mesure dans certains établissements
- Les écoles, crèches et établissements recevant du public.
- Certains bâtiments tertiaires.
- Et progressivement dans le logement social, selon le calendrier du ministère de la Transition écologique.
Quelles sont les principales mesures à réaliser ?
Les indicateurs incontournables
La mesure de la qualité de l’air intérieur repose sur plusieurs indicateurs clés :
- Le dioxyde de carbone (CO₂) : témoin du confinement de l’air. Un taux supérieur à 1 000 ppm indique un besoin d’aération immédiat.
- L’humidité relative : idéalement entre 40 % et 60 %. Un air trop sec fragilise les voies respiratoires, tandis qu’un excès d’humidité favorise moisissures et acariens.
- Les Composés Organiques Volatils (COV) : regroupent de nombreuses substances (peintures, colles, vernis, mobilier). Les plus surveillés sont le formaldéhyde et le benzène.
Méthodes de mesure et outils
Deux grandes approches permettent de mesurer la qualité de l’air :
- Les capteurs individuels connectés : accessibles au grand public, ils mesurent en continu CO₂, humidité et COV. Certains modèles enregistrent les données et alertent en cas de dépassement.
- Les campagnes de mesure professionnelles : réalisées par des organismes accrédités (type COFRAC), elles s’appuient sur des prélèvements analysés en laboratoire. Ces opérations sont recommandées après la réception d’un logement neuf ou en cas de suspicion de pollution liée aux matériaux.
L’Agence de la Transition Écologique (ADEME) recommande une première évaluation dans les 12 mois suivant l’entrée dans un logement neuf, puis un contrôle tous les 2 à 3 ans, selon l’occupation et les travaux effectués.
En 2025, une campagne nationale de mesure a confirmé que les logements bénéficiant d’une VMC double flux affichaient des taux de CO₂ jusqu’à 25 % inférieurs à ceux des logements équipés de systèmes simples flux.
Les valeurs repères à connaître
| Polluant | Valeur guide de l’ANSES | Effets principaux | Recommandation |
|---|---|---|---|
| CO₂ | < 1 000 ppm | Sensation d’inconfort, baisse de concentration | Aérer 10 min/jour, vérifier VMC |
| Formaldéhyde | < 30 µg/m³ | Irritations, maux de tête | Utiliser peintures et meubles à faible émission |
| Benzène | < 2 µg/m³ | Risque cancérogène à long terme | Éviter solvants et produits d’entretien agressifs |
Maison neuve vs appartement neuf : y a-t-il des différences ?
Les logements neufs, par leur conception, présentent des profils différents en matière de QAI.
Dans un appartement neuf
Les immeubles récents disposent souvent d’une ventilation mécanique contrôlée (VMC) collective. Celle-ci doit être entretenue régulièrement : filtres, bouches d’extraction et conduits doivent être nettoyés au moins une fois par an.
Dans un habitat collectif, une mauvaise maintenance peut impacter tout un palier. Le taux de CO₂ reste le meilleur indicateur de bon fonctionnement. En 2025, plusieurs études techniques publiées par Batinfo rappellent que la maintenance des systèmes de ventilation est l’un des maillons faibles de la performance énergétique des bâtiments récents.
Dans une maison neuve
Les maisons individuelles sont soumises à des exigences d’étanchéité élevées. Cependant, l’air peut vite devenir « vicié » si la VMC simple flux est mal dimensionnée. L’installation d’une VMC double flux permet de réguler le renouvellement d’air tout en limitant les pertes thermiques, un atout pour réduire le taux d’humidité et de COV.
Le référentiel Promotelec Habitat Neuf (juin 2025) précise que ces systèmes participent activement à l’atteinte des objectifs de confort de la RE2020 tout en améliorant la qualité de l’air respiré.
Les bonnes pratiques pour prendre soin de l'air intérieur
Une fois la mesure réalisée, la priorité est d’agir sur les sources et le renouvellement d’air :
- Aérer au moins 10 minutes par jour, même en hiver.
- Entretenir les systèmes de ventilation (nettoyage des filtres et gaines).
- Éviter les désodorisants chimiques et privilégier les matériaux étiquetés A+ (faibles émissions de COV).
- Installer des plantes dépolluantes en appoint (spathiphyllum, chlorophytum), en complément des bonnes pratiques de ventilation.
Quand faire appel à un professionnel ?
- Lors de la réception d’un logement neuf en VEFA (Vente en l'État Futur d'Achèvement).
- En cas d’odeurs persistantes, condensation ou sensation d’inconfort.
- Après des travaux ou l’installation de nouveaux matériaux (peintures, sols, menuiseries).
Pour l’architecte environnemental Philippe Madec, interrogé par Le Moniteur (mai 2025), « le logement durable doit aujourd’hui allier performance énergétique et santé intérieure : la maîtrise de la ventilation est devenue un geste architectural à part entière ».
Investir dans la mesure de la qualité de l’air est donc aussi un choix patrimonial. Un logement sain et bien ventilé valorise son confort d’usage et son attractivité sur le marché immobilier, notamment pour les acquéreurs sensibles aux critères de santé environnementale.
La maîtrise de la qualité de l’air intérieur s’impose désormais comme un pilier du logement durable : entre efficacité énergétique, confort et santé, elle participe pleinement à la qualité de vie dans le neuf.

Pour aller plus loin :